samedi 20 août 2016

Conflit d'Histoire 01 - Le Sengoku Jidai - La Crise du Sengoku Jidai (2/5)

Conflit d'Histoire 01 : Le Sengoku Jidai
1467-1615, Japon 


La Crise du Sengoku Jidai (2/5)

I. La fin de l’autorité centrale


Le Shogunat, ou Bakufu, est une institution militaire intégrée dans le régime impérial. Il se constitue après la Guerre de Genpei (1180-1185) lorsque la classe des Bushi (guerriers nobles) se structure et arrive au pouvoir. L’autorité de l’Empereur s’efface désormais face au personnage du Shogun, disposant de la force publique et militaire, et désignant lui-même les délégués territoriaux, alors même que l’Empereur reste étranger aux affaires publiques. Le territoire est divisé en circonscriptions dans lesquelles se retrouvent des Shugo, ou Daimyo, représentant l’aristocratie terrienne et militaire. Ces derniers sont sommés par le Shogun de résider une partie du temps dans la capitale Kyoto.



Ce pouvoir central vole en éclat à l’occasion d’un conflit qui a dégénéré : Onin no ran, la guerre d’Onin (1467-1477). Deux clans adverses bien proches de Kyoto s’affrontent, et pendant que ce conflit dégénère par l'implication d'un nombre croissants de clans dans la bataille, Kyoto finit saccagée et incendiée. Le Shogun Ashikaga n'a pas les moyens militaires de rétablir la paix, et le lien unissant Daimyo et Shogun s’effrite. Les Daimyos ne résident plus à Kyoto et rentrent sur leurs terres, d’où ils commencent à vivre en autarcie, oubliant tout lien de fidélité vis-à-vis du pouvoir central. Les luttes deviennent locales, et les clans font désormais la loi dans toutes les régions du Japon.



Dans La Société Féodale, Marc Bloch précise que le Japon est un des seuls états asiatiques à avoir développé un système féodal. Dans un article de 1967, P. Akamatsu tient à préciser davantage ce terme de féodalité : selon lui, la féodalité consiste en une façon particulière de distribuer et de tenir la terre, créant une structure sociale spécifique. D’après lui, c’est au moment du naufrage du Shogunat Ashikaga que cette féodalité apparaît entière. Les grands notables des villages et les Daimyos administrent ainsi leurs propres terres, tentant d'étendre leur influence aux domaines adjacents par la guerre ou l'assujettissement. Seuls les plus puissants des Daimyo continuent de courtiser l’Empereur.

B. La division locale du Japon

Les députés du Shogun deviennent ainsi des possesseurs de la terre, et non plus des délégués territoriaux du pouvoir central. De même, ils ne sont plus astreints à résider dans la capitale. D’autant plus que des opportunistes, soldats, samurais et même paysans se mettent à apparaître, renversant parfois la famille locale régnante et se taillant une nouvelle dynastie à la pointe du katana.



C’est aussi une période d’agitation sociale et religieuse, puisqu’autour de Kyoto, des révoltes populaires appelées Ikkô-Ikki se mettent en place. Des petits propriétaires terriens, des myôshu, s’organisent en villages, puis en communautés de villages, pénétrées par les idées d’une ancienne secte bouddhiste appelée Shin-Shû. Cette croyance prône le salut spirituel de l’homme, et est orientée par les prédicateurs comme une religion populaire voire populiste. Autour de la province de Kaga et de la forteresse d’Ishyama où se retrouve le temple Hongan-Ji, lieu d’où officiait le dernier grand prédicateur du XIIIe siècle Shinran, des révoltes populaires éclatent. Une sorte d’état populaire autonome est établi, déboutant par la force les cadres administratifs traditionnels.



Le dernier mot sur cette division locale du Japon est d'ordre géographique : l'île japonaise étant constituée en grande partie de montagnes, les lieux de pouvoir des Daimyo consistent en des forteresses établies en pleines montagnes. Les conflits se caractérisent ainsi très souvent par la prise de forteresses et de villes appartenant au clan rival plus que par des batailles rangées, d'autant plus que l'exiguïté du terrain empêche bien souvent ces batailles.
Les châteaux de montagne sont appelés yamashiro, et leur défense s'organise en une succession de fossés concentriques. C'est pendant la période troublée qui nous intéresse que les châteaux en pierre commencent à supplanter les châteaux en bois. Par ailleurs, la plus importante des villes à capturer reste Kyoto, capitale et lieu de résidence des Shoguns, et qui attire de fait la convoitise des plus puissants Daimyos à partir de 1560, moment où la lutte s'intensifie autour de quelques grandes familles. 

Tous les épisodes :

1/5 : De la Chine au Japon.
2/5 : La Crise du Sengoku Jidai.
3/5 : Une Nouvelle Ère de la Guerre.
4/5 : Le Temps des Unificateurs.
5/5 : Fermeture et Paix.


Bibliographie indicative :
 
Akamatsu, P., « Une histoire du Japon, des origines à 1867 » [Sir George Bailey Sansom, A history of Japan : I. To 1334. ; II. 1334-1615. ; III. 1615-1867.], In Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, n°1, 1967, pp. 178-184
 
Otani, Ch., « Le mouvement insurrectionnel du Ikkô-Ikki, adeptes de la secte bouddhique Shin-shû au XVe et au XVIe siècle », In École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques, 1968, pp. 609-612.
 
Turnbull, S., Gerrard, H., Ashigaru 1467-1649. Warrior n°29, Osprey Publishing, Oxford, 2001, 64 p.
 
Turnbull, S., Samurai Commanders (2). 1577-1638. Elite 128., Osprey Publishing, Oxford, 2005, 64 p.
 
Turnbull, S., War in Japan 1467-1615. Essential Histories n°46, Osprey Publishing, Oxford, 2002, 95 p.




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