vendredi 2 mars 2018

Les Kurdes au Moyen-Orient (Chronique Géopolitique)

(Dans ce dixième épisode des Chroniques Géopolitiques, je traite de la question kurde au Moyen-Orient, et particulièrement dans les quatre plus grandes zones de peuplement kurdes, à savoir la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie. Vous retrouverez cet épisode en version complète sur mon site internet).

Après ma chronique sur la lutte contre l’Etat Islamique et celle sur la prise d’Alep pour parler de la situation conflictuelle en Irak et en Syrie, ainsi qu’un « point actu » sur la diversité des acteurs militaires en Irak après la prise de Mossoul, la guerre a effectivement pris un nouveau tour. Outre la fuite des cadres dirigeants de l’Etat Islamique, et la réduction drastique voire inexistante désormais en Irak du territoire du Califat auto-proclamé, les acteurs du conflit se font désormais face, et notamment les troupes irakiennes et une partie des Peshmergas kurdes, particulièrement ceux du Parti Démocratique Kurde (PDK) qui ont organisé un référendum polémique et contesté le 25 septembre pour se détacher en pratique de l’Irak, dans le Kurdistan Irakien, au nord de l’Etat. Les heurts entre les deux armées en octobre 2017, alors que toutes deux étaient financées et équipées par les Etats-Unis, menacent une nouvelle fois d’instabilité la région. Les Irakiens ont ainsi repoussé durablement les Kurdes du champ pétrolifère, faisant perdre de précieux gains territoriaux obtenus depuis plus d’une dizaine d’années, et rendant le PDK très contesté par les autres partis kurdes de la région.


L’état de la situation en 2014, à l’époque de l’expansion maximale de l’Etat Islamique. On voit où se situent les populations kurdes, et cela permet d’apprécier la situation du Rojava et du Kurdistan irakien à cette époque. Depuis, tout a changé. (Carte de Libération du 7 octobre 2014)

Mais depuis, les forces turques sont allées encore plus loin, en attaquant la région syrienne autonome du Rojava en Syrie, et notamment le canton d’Afrin, à partir de l’offensive Rameau d’Olivier débutée le 20 janvier 2018. Ils y attaquent les Unités de Protection du Peuple (YPG), le bras armé du Parti de l’Union démocratique (PYD), un parti crypto-marxiste lié idéologiquement au parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation marxiste révolutionnaire qui, elle, est en conflit ouvert au sud de la Turquie avec les autorités turques depuis plusieurs dizaines d’années. Le PKK est classée comme une organisation terroriste, de l’Iran à l’Union Européenne. Pourtant, les YPG, en incluant dans leurs combats les milices yézidies, sunnites et chrétiennes, ont combattu l’Etat Islamique au sein des Forces Démocratiques syriennes (FDS), arrêtant l’avancée djihadiste à Kobané (septembre 2014 à janvier 2015), et se heurtant à l’armée syrienne pro-régime à de très rares occasions, comme à Hassaké courant 2016. Mieux, les YPG ont ainsi été financées par les Etats-Unis pour continuer à combattre les terroristes, et avaient même des liens avec la Fédération de Russie. Tout cela a volé en éclat en janvier 2018. Le gouvernement de Bachar al-Assad et les autorités occidentales protestent timidement, malgré quelques milices pro-régimes qui se battent au côté des Kurdes face aux Turcs, tandis que l’attention de la communauté orientale se porte désormais sur le sud de la Syrie, en Ghouta, une des dernières poches de résistance au régime de Damas. Nous y reviendrons en fin d’article. Pour le moment, intéressons-nous aux Kurdes.


Conclusion : La guerre se prolonge en Syrie


Finalement, la situation pour les Kurdes est donc très contrastée en ce début d’année 2018. L’autonomie et l’indépendance ne sont pas pour demain. En attendant, les combats en Syrie continuent durement, au nord-est contre les YPG et mobilisant la Turquie, tandis qu’au sud, les médias s’attardent longuement sur le sort des civils de la Ghouta, à l’est de Damas, une région où se trouvent encore des combattants salafistes et les restes de l’Etat Islamique. Des tentatives de médiation sont proposées par la communauté internationale pour évacuer les 400 000 civils, qui seraient déjà plusieurs centaines à avoir péri sous les bombes, mais celles-ci ne sont pas respectées, malgré la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU numéro 2401 (24 février 2018). Les bombes américaines tombant sur les forces affiliées à la Fédération de Russie sont aussi révélatrices d’un conflit qui commence à déborder de la lutte anti-Daesh. Pour terminer, on note aussi et surtout des tensions entre Israël et la Syrie. On connaît l’hostilité d’Israël envers le Hezbollah (dont nous parlons dans notre article sur l’histoire du terrorisme), et la présence des milices chiites en Syrie, financée en sous-main par l’Iran,  semblent mettre de l’huile sur le feu. La poudrière est alimentée par la présence, encore une fois, d’acteurs-tiers : la Russie (frappes aériennes et mercenaires), Etats-Unis (armes et frappes aériennes), Israël (reconnaissance aérienne et frappes contre les forces liées à l’Iran), l’Iran (Hezbollah et milices chiites), Arabie Saoudite (finançant certains des groupes de la Ghouta), la Turquie (offensive au nord). Au milieu de ces jeux diplomatico-militaires complexes, on retrouve Bachar al-Assad, les FDS, les rebelles et les djihadistes. Une situation encore compliquée.


Bombardement dans la Ghouta (RFI, 27 février 2018)

Sources :
  • BOZARSLAN, H. (2009). Conflit kurde: Le brasier oublié du Moyen-Orient. Autrement, Paris, 176 p.
  • COURT, M., HOND, C. D., (2017). « L’expérience libertaire du Rojava à l’épreuve de la guerre. Une utopie au cœur du chaos syrien », Le Monde Diplomatique, septembre
  • France Culture, RFI et Le Monde
  • TOUBOL, B. (2017). Quelle armée pour les Kurdes ? Influences et divisions politiques intra-kurdes, Diploweb, en ligne, [Consulté le 01/03/2018]
  • UNITED NATIONS (2018). Résolution 2401 du Conseil de Sécurité, S/RES/2401 (2018), 24 février 2018

Les autres Chroniques Géopolitiques :





mardi 30 janvier 2018

L'Iran reçu au Parlement Européen (Chronique Géopolitique)

(Dans cet épisode, il est question de l'histoire rapide de la formation de l'Iran entre la Seconde Guerre Mondiale et la Révolution Islamique, et des enjeux de la place de l'Iran au Moyen-Orient discutés au Parlement Européen fin janvier 2018. Vous trouverez l'épisode en version complète sur mon site internet.)

Le président de la commission de politique extérieure et de sécurité nationale de l’Assemblée consultative islamique d’Iran était invité ce mardi 23 janvier au sein de la commission des affaires étrangères (AFET), augurant une série de futurs déplacements diplomatiques. Cette rencontre entre l’Iran et l’Union Européenne n’est donc pas anodine, et permet de replacer l’Iran dans la diplomatie internationale, qui plus est au sein d’un « Moyen-Orient » divisé et fragilisé.

Manifestations anti-régime en 1978.


Conclusion


Le président a rappelé au début de la séance qu’il souhaitait travailler avec l’Europe, restaurer des relations commerciales malgré la froideur soudaine des Etats-Unis, et retrouver des relations bilatérales avec un maximum de pays occidentaux. C’est ainsi dans un vrai souci d’ouverture qu’une délégation d’Iran s’est donc retrouvée ce lundi au Parlement Européen, ce qui est plutôt rare. Même si les grands dossiers faisant débat parmi les députés n’ont pas été ouverts, le Parlement Européen a rappelé son soutien de l’accord passé avec les Etats-Unis avant le retrait voulu par Donald Trump, et l’Iran a répondu au dossier terroriste, yéménite, palestinien et à celui sur les manifestations. Reste à voir ce que deviendra l’accord sur le nucléaire iranien dans les prochains mois.


Les manifestations de fin décembre et début janvier, qualifiées « d’anti-régime » par la plupart des médias, et ayant fait 25 morts.

Sources :
  • Hourcade, B., « L’Iran est faible mais la République islamique se sent forte », in Politique Etrangère, 2012 / 3, p.491-503
  • Revue internationale et stratégique : L’Iran, plaque sensible des relations internationales, 2008, n°70/2, 238 p.
  • Parlement Européen, Commission des Affaires Etrangères, réunion du 23 janvier 2018, en ligne, http://www.europarl.europa.eu/ep-live/fr/committees/video?event=20180123-0900-COMMITTEE-AFET

Les autres Chroniques Géopolitiques :


samedi 20 janvier 2018

Compte-Rendu n°6 - Histoire du Terrorisme, de l'Antiquité à Daesh

(L'article traite de la somme historique majeure que représente l'Histoire du Terrorisme, écrit par Messieurs Blin et Chaliand. Vous retrouverez cet article en version complète sur mon site internet.)

Introduction


Le terrorisme djihadiste a pris de court l’opinion publique en 2015 lors des attentats de Charlie Hebdo en janvier, et surtout lors des attaques du 13 novembre 2015 ayant fait 130 morts et 413 blessés. La mouvance islamiste salafiste est pourtant vieille : les premiers écrits prônant le terrorisme remontent au Moyen-Âge, et les premières mouvances djihadistes aux années 70. Face à ce qui semble un nouveau sujet, Gérard Chaliand et Arnaud Blin ont écrit une massive Histoire du Terrorisme. La première édition s’est arrêtée en 2004, pour décrire notamment Al-Qaida. Une seconde édition a vu le jour en 2006, mais c’est une version enrichie que nous avons lu : Histoire du Terrorisme. De l’Antiquité à Daesh[1]. Nous allons aborder au fil de notre étude sur ce livre les points importants.


L’ouvrage dont il va être question aujourd’hui.

Gérard Chaliand est diplômé de sociologie politique et spécialiste des relations internationales. Il a une grande expérience du terrain, et a enseigné à l’ENA, à l’Ecole Supérieure de Guerre, et a une longue expérience auprès du Ministère des affaires étrangères. Il a écrit de très nombreux ouvrages sur la guérilla et la révolution, mais aussi sur le terrorisme. Arnaud Blin est quant à lui diplômé en sciences politiques et en histoire militaire. Il a écrit sur la paix de Westphalie, sur les batailles de Wagram et d’Iéna, et a participé à l’élaboration du livre dont il est aujourd’hui question.


Conclusion


Nous sommes passés très rapidement sur les annexes indispensables présentant la littérature « terroriste », qui présente ou peint ce type d’action, du tyrannicide Lorenzaccio d’Alfred de Musset aux anarchistes russes présents dans certaines œuvres littéraires. On retrouve aussi dans ces annexes des manifestes, des discours et des théories sur le terrorisme révolutionnaire, sur la guérilla, mais aussi sur l’islamisme du XXe siècle.


Le terrorisme anarchiste en 1894, avec l’assassinat du quatrième président de la IIIe République. Edition du 2 juillet 1894 du Petit Journal.


En définitive, ce livre répond à une véritable demande intellectuelle et populaire : le besoin de comprendre ce qui touche aujourd’hui si fortement la France. On découvre au fil de ces pages que le terrorisme a toujours existé, et qu’il est un mode d’action basé sur la psychologie et la déstabilisation des Etats, et que seules des réponses politiques et idéologiques permettent d’anéantir ces courants, pour empêcher de construire ces groupes sur des terreaux humains parfois déclassés, parfois non. Le livre ne répond malheureusement pas entièrement aux questions amplement débattues par ailleurs de la communication sur les réseaux sociaux, et sur les cellules terroristes qui recrutent même de jeunes convertis : comment comprendre l’intériorisation de la lutte contre l’Occident chez un Occidental ? Est-ce uniquement une question de déclassement ? La réponse, négative, est amplement débattue dans les médias aujourd’hui.


Θουκυδίδης (Thoukydides, ou Thucydide) (460-395 avant Jésus-Christ) est un des plus anciens auteurs qui a pour but d’analyser un conflit et d’expliciter ses conditions culturelles, économiques et matérielles dans son Histoire de la Guerre du Péloponnèse (431-404), le long conflit opposant la Ligue de Délos conduite par Athènes et la Ligue du Péloponnèse menée par Sparte. Il y mène une analyse rationnelle, et fixe pour plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires le rôle de l’historien, rendant un récit cohérent autour de faits et d’explications.

Replacer un phénomène humain, qui plus est violent, est aussi la tâche de l’historien. Il n’a pas forcément les armes et les moyens de dire comment réagir face à la violence humaine, mais il peut au moins présenter les conditions matérielles, culturelles, sociales et historiques qui ont prévalu dans l’appréhension du phénomène terroriste. C’est pour cela que cet ouvrage nous permet de saisir sur le vif un phénomène extrêmement contemporain.

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vendredi 19 janvier 2018

Conflictualité : la robotisation du champ de bataille

(Une nouvelle série a été créée sur mon site : Conflictualité. Elle se veut centrée sur les enjeux de la guerre au XXIe siècle, entre analyse et prospective. Vous retrouverez l'épisode en entier sur mon site internet.)

La robotisation militaire est un fait contemporain de la guerre : réduction des effectifs, améliorations technologiques, besoins en frappes de précisions et en renseignement, ces causes rentrent dans les nouvelles conflictualités. Les luttes interétatiques se raréfient, au profit des luttes internes, et lorsque l’adversaire livre une guerre asymétrique aux Etats disposant d’une armée professionnelle technologiquement avancée, le recours à la technologie est nécessairement plus important. La doctrine militaire évolue en même temps, car les nouvelles conflictualités n’effacent pas les anciennes, et l’utilisation de la robotique rentre dans le mode de fonctionnement des armées (EMAT, 2016). L’augmentation de ces moyens technologiques nous pousse à nous demander s’il existe de vraies limites à la robotisation des champs de bataille contemporains.


Une photo d’un drone Predator (Source : RFI). Construits par General Atomics, et volant pour la première fois en 1994, il s’agit d’un MALE UAS, c’est-à-dire d’un medium-long altitude unmanned aircraft system. Télépiloté à distance, il peut faire de la reconnaissance, et a été progressivement armé avec des missiles pour lancer des frappes chirurgicales. Le drone de combat est une donnée acquise dans les systèmes militaires contemporains, et se décline en un certain nombre de variantes, du petit drone utilisé par un groupe de combat dans un environnement urbain à celui qui peut rester autonome pendant plusieurs heures. Signalons que pilote de drone ou opérateur drone est une des nombreuses spécialités (au sens de spécialisation) de l’armée de terre française.



En guise de conclusion : des limites établies, et à établir


La robotisation du champ de bataille est un fait militaire récent, mais n’est pas en soi une révolution. Le robot est une arme, employé dans des actions militaires « classiques » : renseignement et frappes ciblées par téléguidage. Il instaure une distance plus importante encore, mais reste proche du droit des conflits. En tant qu’arme, il ne règle pas les conflits, et dépend très fortement du facteur humain. Cette arme possède aussi ses vulnérabilités : piratage, et destruction facile si détectée.


Le MAARS, ou Modular Advanced Armed Robotic System, fait partie des UGV pour unmanned ground vehicle, et est destiné à la reconnaissance, et même à l’acquisition de cibles. Il peut accompagner les forces au sol et fournir un appui-feu. (Source de l’image : Sarna.)

Le souci est l’utilisation que la politique en fait. Puisqu’employer des drones est moins coûteux en vie humaine, son utilisation parait aller de soi. Mais les technologies de furtivité, l’ingérence et l’utilisation des drones sans en référer aux instances démocratiques ou internationales sont des violations claires du droit des conflits. Le drone est une arme, et doit être considéré comme telle dans les questions d’ingérence et de droit. La doctrine militaire s’adapte à cette utilisation robotique sur le champ de bataille, mais la doctrine politique doit faire de même pour l’inclure dans le droit international.

Bibliographie

  • CALHOUN, L., 2017, « Death frome above : the perils of lethal drone strikes », Bulletin of the Atomic Scientists, 73-2, p.138-142
  • DGA, 2015, Document de présentation de l’orientation de la S&T. Période 2014-2019., 37 p.
  • EMAT, 2016, Action Terrestre Future, 67 p., http://fr.calameo.com/books/000063302be07e29a7e4f [Consulté le 29/09/17]
  • FLI, 2015, Autonomous Weapons: an Open Letter from AI & Robotics Researchers
  • JEANGENE WILMER, J.-B., 2013, « Légalité et légitimité des drones armés », Politique Etrangère, 3, p.119-132
  • JEANGENE WILMER, J.-B., 2013, « Robotisation et transformations de la guerre », Politique Etrangère, 3, p.80-89
  • NOËL, J.-C., 2013, « Occuper sans envahir : drones aériens et stratégie », Politique Etrangère, 3, p.105-117
  • SINGER, P. W., 2013, « La guerre connectée : les implications de la révolution robotique », Politique Etrangère, 3, p.91-104
  • STILES, J., 2017, Drone wars are coming, DARPA / ONR
  • STOA, (Science and Technology Options Assessment), 2009, Human Enhancement Study, 200 p., https://www.itas.kit.edu/downloads/etag_coua09a.pdf [Consulté le 29/09/17]
  • TRIDON, J.-B., 2017, « Téléopération – automatisme – Autonomie en robotique militaire : de quoi parle-t-on ? », Colloque jeudi 8 décembre 2016 à la DGGN, Issy les Moulineaux, 17 p.
  • UNITED NATIONS, 2015, Study on Armed Unmanned Aerial Vehicles, New York, 61 p.
  • VAUGHAN, J., 2017, Foreign Drones complicate maritime air defense, Naval Institute Proceedings

mercredi 6 décembre 2017

Compte-rendu n°5 : Histoire de la Guerre, J. Keegan, 1993

(Cet article est disponible en version intégrale sur mon site). Nous portons aujourd'hui notre attention sur un classique de l'histoire militaire : History of Warfare de John Keegan. Au sein du courant de la "new military history", et notamment après son ouvrage écrit dans les années 70, The Face of Battle, qui a marqué la façon de pratiquer l'histoire militaire en revenant au vécu du soldat sur le champ de bataille, et qui a pavé la voie pour un ouvrage comme celui de Victor D. Hanson sur Le Modèle Occidental de la Guerre pour les hoplites, il revient avec une histoire générale des façons de faire la guerre. Je vous explique son cheminement intellectuel, et comment il intègre un paradigme culturel à l'étude de la guerre. 

I. Une histoire de la guerre est-elle possible ?


Je reviens dans cette partie sur les critiques qui ont parfois pu être adressées au livre, notamment sur la critique un peu facile de l'ouvrage phare de Carl von Clausewitz, De la Guerre. Mais je reviens surtout sur la date à laquelle l'ouvrage est paru, et qui n'est pas anodine, entre la fin de l'histoire et le choc des civilisations, entre F. Fukuyama et S. Huntington. Car l'auteur porte avec lui un jugement  sur le futur de la guerre et sur la place des conflits dans la culture contemporaine.

La guerre du Donbass, aux portes de la Russie et à l’est de l’Ukraine, n’est pas un conflit anodin. (2015, RFI)

II. « La guerre dans l’histoire de l’humanité »


Cette partie se penche sur la thèse développée par l'auteur dans son ouvrage : le penchant culturaliste permettant de décentrer le regard d'un point de vue historique et géographique, la distinction fondamentale entre true war et real war, entre war et warfare, et l'explication de la critique vis-à-vis de l'ouvrage de Clausewitz.

Le Cosaque, depuis le XVIe siècle, est un colon guerrier et nomade, fournissant de la cavalerie irrégulière au régime tsariste.

III. D’une approche transhistorique à une nouvelle culture de la guerre


C'est dans cette partie que nous décrivons le contenu de l'ouvrage et la périodisation contestable mais documentée et précise. L'objectif porté par l'auteur à l'issue de son livre est de proposer l'approche culturaliste de la guerre historique et ancrée dans le passé, et d'essayer de la questionner pour s'en défaire, pour se défaire précisément d'une culture de la guerre occidentale qui aurait beaucoup à apprendre de la guerre primitive et des limites de la guerre.

La photo connue et reconnue de la bombe d’Hiroshima (6 août 1945).

Conclusion


On a pu reprocher à J. Keegan une périodisation transhistorique un peu approximative, autour de mots-concepts un peu vagues, comme la chair, et de va-et-vient constants entre passé proche et passé lointain. Mais cette conceptualisation permet d’éviter globalement la téléologie, et l’intérêt de l’ouvrage repose aussi sur la structuration, toujours arbitraire, des faits culturels de la guerre dans l’histoire de l’humanité. Malgré une critique un peu facile de Carl von Clausewitz, History of Warfare est un ouvrage digne de figurer dans la collection d’un historien militaire, de par l’érudition de son auteur, le penchant culturaliste novateur, et par les études qui ont battu par la suite la brèche faite par ce livre dans l’histoire militaire.

Bibliographie

  • CHAMBERS, J. W. (1991). « The New Military History: Myth and Reality », in The Journal of Military History, juillet, 55/3, p.395-406
  • COHEN, E. A. (1994). « A History of Warfare by John Keegan », in Foreign Affairs, mars-avril, https://www.foreignaffairs.com/reviews/capsule-review/1994-03-01/history-warfare [Consulté le 04/11/2017]
  • HANSON, V. D. (1989). The Western Way of War. Infantry Battle in Classical Greece, University of California Press, Berkeley
  • KEEGAN, J. D. P. (1993). A History of Warfare / (2014). Histoire de la Guerre, traduction de R. Langer, Perrin, Lonrai, 628 p.
  • NEIBERG, M. (1995). « A History of Warfare by John Keegan », in Journal of Social History, 29/2, p. 466-467

Les autres comptes-rendus  :

mardi 26 septembre 2017

Reportage à l’Open de Paris des Jeux d’Histoire, 3e édition (Dossier)

(Cet article est tiré de mon site). L’Open des Jeux d’Histoire est un événement unique dans la capitale. Du 22 au 24 septembre, on pouvait y trouver éditeurs, développeurs, tournois et présentations de jeux de plateau, de wargames, unis plus ou moins autour du thème de l’histoire, de l’Antiquité avec De Bellis Antiquitatis au plus contemporain War on Terror, des jeux de figurines aux jeux avec des pions, de l’opérationnel au tactique. La Gazette du Wargamer y a été aimablement conviée, et voici ce que nous avons pu y découvrir au fil de notre visite.

L’Open se déroulait dans le cadre très agréable de la Bibliothèque Thiers (9e arrondissement)..

Le monde des éditeurs


Nous rencontrons d’entrée de jeu les Polonais de Taktyka i Strategia qui nous ont fait l’honneur de leur présence, en présentant une poignée de nouveaux jeux opérationnels sur la Seconde Guerre Mondiale.Plus loin, une table accueillante se forme : le représentant de ZBB Editions, l’éditeur qui publie notamment en français les règles du jeu de batailles de figurines se déroulant de l’Antiquité au Moyen-Âge De Bellis Antiquitatis, nous explique rapidement les règles, et nous propose même une partie opposant Puniques et Romains durant la Seconde Guerre Punique.

Le stand de Taktyka i Strategia.

C’est ensuite le moment d’aller rencontrer Asyncron Games, le pendant français de l’éditeur anglo-saxon Academy Games, qui poursuivent sur leur lancée avec le dernier né de la série Birth of America. Ce jeu de conquête entre différents camps et armées sur une grande carte présente sa version 1754, après 1812 et 1775, opposant ainsi les Anglais et les Français lors de la Guerre de Sept Ans, avec des règles bien particulières : ports permettant d’acheminer des troupes, renforts en provenance d’en-dehors de la carte, Indiens pour Anglais et Canadiens pour Français. Ce qui me permet d’embrayer sur la toute nouvelle série Birth of Europe, reprenant le système globale pour l’adapter au IXe siècle et à la conquête viking de l’île anglo-saxonne. Les Anglais auront un début de partie fort, vite perturbé par des hardes Vikings.

878 – Vikings, prochaine nouvelle déclinaison de la série Birth of America sur le thème de l’Europe et du Moyen-âge.

Après quelques pas, on retrouve Mythic Battles, qui est fier de présenter son nouveau jeu. Après la réussite du kickstarter de Mythic Battles : Pantheon, Mythic Games revient en effet avec Joan of Arc, et un futur lancement d’une campagne de financement participatif prévue pour le 10 octobre. Le premier scénario proposé à l’Open est un scénario mélangeant histoire et fantastique. Le but est simple : débusquer un loup-garou dans un petit village français. Pour ce faire, vous avez des héros, capables de monter en niveau, de fouiller des maisons, de trouver des objets magiques et de combattre. On nous promet au moment de la sortie finale un nombre encore plus important de scénarios, capables de mettre en scène des scènes plus historiques via des troupes un peu moins folkloriques, mais le mélange pour l’instant réalisé est de qualité.

Démonstration de Joan of Arc, de Mythic Games. Joli jeu de plateau mêlant dans ce scénario un village français, une enquête, et un loup-garou.

On connaît Devil Pig Games pour sa série Heroes of Normandy, réinventant la Seconde Guerre Mondiale avec un système de tuiles, des situations capables de se retourner en un tour de main, façon films hollywoodiens, la gestion des pelotons, et des héros apportant divers bonus. Outre la version The Tactical Card Games, qui s’éloigne un peu pour nous proposer un terrain plus grand, ainsi qu’un plus grand nombre d’unités, le jeu a plu à Games Workshop qui a proposé un partenariat en 2016 pour un futur Heroes of Black Reach, une nouvelle mouture qui adaptera la recette initiale à la guerre entre Space Marines et Orks. Si le tout plaît, les développeurs sont prêts à partir dans l’univers de Warhammer 40K pour nous proposer de plus en plus de races…

Heroes of Black Reach, la production secrète de Devil Pig Games, très Warhammer 40K et dont on aperçoit ici un exemple de pions et de plateau.

Continuons. Évidemment, on retrouve Days of Wonder, accompagné d’un représentant de la Fédération française du jeu Mémoire 44. Depuis 13 ans, le jeu s’enrichit davantage, et une mystérieuse extension s’est profilée durant le week-end. Ce fut l’occasion de faire une partie rapide contre un joueur chevronné, et de profiter de jets de dés heureux pour défendre ma position : on est de la Gazette ou on ne l’est pas.

En pleine action de Mémoire 44. Je défends deux ponts avec succès (et des cartes sympathiques).

A côté des grands éditeurs et développeurs, nous avons rencontré d’abord Pascal Donjon. Auto-entrepreneur, concepteur et auto-éditeur, il propose d’abord de rejouer ni plus ni moins que l’Iliade avec Pergame, où les héros et les dieux se livrent une lutte sans merci, cherchent des objets magiques sur les champs de bataille, et essayent d’obtenir gain de cause par la force ou la malice. Plus simple et plus classique, Singidinum voit s’affronter Romains et Barbares, avec un nombre réduit d’unités différentes.

Le stand de Pascal Donjon.

Enfin, on retrouve le jeu d’Hervé et de Lucas Degrenier, père et fils, qui développent depuis plusieurs années une adaptation très intéressante des guerres napoléoniennes durant l’année 1815. Au menu, les différents régiments d’infanterie, de cavalerie ou d’artilleries activées par l’adjonction d’un officier, en nombre limité par tour, peuvent avancer sur différents points de la carte, ce qui remplace les hexagones habituels. Lorsque sur cette carte d’état-major deux forces finissent par tomber côte-à-côte, le jeu se transforme pour proposer une bataille locale, où il va s’agir de déployer les deux forces selon des règles et en fonction des unités, des régiments aux éclaireurs, en passant par les tirailleurs, et en fonction du terrain, de la forêt à la plaine. Ce jeu dans le jeu se résout ensuite par un calcul de probabilités résolu par des billes de couleurs dans un petit sac. En Bataille ! apparaît donc comme un wargame innovant, mais aussi assez complexe et touffu. On souhaite aux concepteurs de la réussite dans leur projet.

Démonstration de « En Bataille ! » , un wargame napoléonien dense, mais très complet.

Les à-côtés


a) Les associations

Au fil de nos pérégrinations nous sommes aussi passer à l’étage, où des tables de jeu remplis de pions attendaient les joueurs, avec notamment beaucoup d’Advanced Squad Leader. C’est là que le groupe DM, club mystérieux sur la Toile et visiblement basé à Malakoff dans le 20e, m’annonce organiser un dimanche par mois des wargames à l’École Militaire.

Un peu de Bolt Action avec le club Rathelot (Nanterre). Les Britanniques ne vont pas faire long feu dans cette partie déjà bien engagée.

En bas, ce sont les trublions nanterrois du club Rathelot qui m’invitent à une partie en cours du jeu de figurines sur la Seconde Guerre Mondiale Bolt Action. Les décors étaient magnifiques, entre bocages, champs, petit village et avion qui faisait débarquer des commandos britanniques dans un endroit tenu solidement par les Allemands. Autant vous dire que les Britanniques étaient cloués au sol par les mitrailleuses allemandes et que la partie s’est vite terminée, de quoi laisser les participants discuter des modalités de leur scénario créé de toutes pièces.

b) Les Puniques face aux Romains

Je ne résiste pas au plaisir de revenir sur la partie d’initiation faite avec Yann-Gaël de ZBB Éditions pour De Bellis Antiquitatis. L’armée Punique dispose de cavaliers légers sur les flancs, d’un éléphant, de plusieurs unités de lanciers, d’une unité d’infanterie légère et de deux bandes mercenaires gauloises. En face, les unités de légionnaires côtoient les vélites, des auxiliaires Gaulois et des unités de cavaliers. Les lignes se rapprochent les unes des autres grâce au système de formation très intuitif : un dé nous montre le nombre de points d’activation dont nous disposons, et à nous de faire avancer une unité ou un groupe d’unités.

J’ai poussé sur la colline, et fait le tour avec une unité de cavalerie légère, pendant que les deux lignes d’infanterie se rapprochent.

La colline à l’ouest du champ de bataille est un objectif intéressant, et j’y envoie de suite mes unités d’infanterie légère, capables de s’y mouvoir sans pénalités, et permettant à plus ou moins longue échéance de contourner la ligne ennemie. Les lignes de bataille se forment de part et d’autre, et je réussis à triompher de l’unité légère adverse qui essaye de prendre ma colline. Le général ennemi charge de ce côté, et est pris à parti par une unité de cavalerie légère et mon unité légère. De l’autre côté du champ de bataille, c’est le choc entre les deux lignes d’infanterie. Mes éléphants sont désorganisés par des troupes légères et fuient le champ de bataille, et mes lanciers résistent tant bien que mal aux légionnaires.

Le combat au centre est féroce, mais mes Gaulois sur la colline renversent la situation.

Les valeurs de combat se comparent avec en plus un D6. Si c’est le double de l’adversaire, la formation est annihilée. Vous gagnez des bonus et des malus selon si vous prenez de flanc ou que vous êtes pris de flanc. Si le combat est perdu avec moins du double, vous reculez, ce qui perturbe plus d’une fois ma ligne et menace les Puniques de désorganisation. Heureusement, les mercenaires Gaulois sauvent le jeu. Ils chargent dans la colline les Gaulois adverses et les exterminent, puis poursuivent leur avancée sur les arrières de l’armée romaine, réduisant en charpie une unité romaine qui passait par là. Finalement, un quart de l’armée ennemie est en fuite, la bataille est gagnée pour les Puniques !

Fin de la visite


Bien sûr, il y aurait encore davantage de choses à dire sur cette première journée et les deux suivantes : les démos, les tournois, la conférence sur la Révolution Russe du vendredi soir, le jeu Urban Operations de Nuts Publishing développé par un officier de l’armée de terre et dont nous reparlerons cet automne, le représentant de la boutique du Damier de l’Opéra, mais aussi la présence d’Ajax Games, de GMT Games, d’Hexasim ou encore de Vae Victis. Quoi qu’il en soit, cette troisième édition de l’Open de Paris des Jeux d’Histoire était une réussite, et a été l’occasion pour certains d’une vraie porte ouverte sur le monde riche de diversité du wargame et du jeu d’histoire. A l’année prochaine !


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lundi 25 septembre 2017

Guerre civile au Soudan du Sud, une situation simple ? (Chronique Géopolitique)

(Cet article est disponible sur mon site). La crise qui s’est ouverte en 2013 au Soudan du Sud plonge aujourd’hui le pays dans la misère et la famine : l’état de famine a été décrété le 21 février 2017 et concerne 100 000 personnes, on compte près de deux millions de réfugiés, deux millions de déplacés, et 300 000 décès dus aux maladies et à la famine. Les rentes pétrolières qui assuraient l’essentiel de l’économie du pays sont mises à mal par la multiplication des groupes armés, et la présence de 13 500 Casques Bleus au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) n’y change rien.

Une carte de Radio Canada : on voit bien la prégnance du pétrole ans cet état d’Afrique de l’est.

Le parti au pouvoir, l’Armée Populaire de Libération du Soudan (APLS), se déchire. Fondé en 1983 au sud du Soudan pour lutter contre la perte de l’autonomie et face à la mise en place la loi islamique, l’APLS a déjà eu des problèmes de cohérence interne par le passé, autour de la rivalité entre des groupes, des ethnies, des conceptions politiques et des personnalités. Pour Gérard Prunier, la thèse simpliste permettant d’expliquer le conflit serait d’opposer Salva Kiir, un Dinka, et Riek Machar, un Nuer, autour de rivalités simplement ethniques. La guerre civile qui se déroule dans le 197e état du monde en Afrique de l’est est bien plus complexe.

Trente-neuf années de guerre civile


Ancienne colonie anglaise, le Soudan gagne son indépendance le 1er janvier 1956. Pourtant, le nord, à majorité musulmane et bien plus développé économiquement, refuse d’accorder l’autonomie promise au sud chrétien et animiste à l’économie pastorale. Après des mutineries, et 17 ans de guerre civile, les accords d’Addis-Abeba sont signés en 1972 par le général Gafaar Nimeiry (1930-2009) après son coup d’état. Pourtant, en 1983, le rapprochement avec les Frères Musulmans pousse le gouvernement à instaurer sur tout le territoire national la loi islamique, en supprimant l’autonomie du sud, ce qui le pousse à nouveau dans la révolte. La découverte de gisements de pétrole dans les zones méridionales à la fin des années 70 attire d’autant plus les convoitises.

Fondateur de l’APLS, John Garang en 2005, l’année de sa mort.

Le général est vite renversé, les purges se multiplient au nord tandis que la rébellion sudiste se structure autour de l’APLS, menée par John Garang (1945-2005). Les conflits d’intérêt émergent au sein du groupe, notamment entre Nuers et Dinkas, et le groupe n’est totalement réunifié qu’en 2002, avant la signature de la paix en 2005 avec le Soudan. Les 23 années de conflits ont fait près de deux millions de morts et de quatre millions de déplacés. Garang meurt et est remplacé par Salva Kiir à la tête de l’APLS.

De l’indépendance à la guerre civile


Durant cette phase de transition, on prépare le référendum, et Riek Machar cumule les postes d’importance : ministère des finances, des affaires étrangères et en charge des négociations avec le Soudan. Finalement, le Soudan du Sud vote en 2011 à 98.83% son indépendance, après six ans de transitions. Salva Kiir prend la tête du 197e état à avoir été reconnu par la communauté internationale. Mais les élections démocratiques sont repoussées encore et encore. Le gouvernement de Salva Kiir s’accroche au pouvoir, et ce dernier conteste l’influence de Machar. En 2013, il purge le gouvernement et l’armée, et renvoie Machar.

Le président Salva Kiir en 2013.

Lors d’un contrôle de soldats Nuers par les troupes gouvernementales, composées majoritairement de Dinkas, la situation dégénère et vire en massacre interethnique, soldant les comptes de l’APLS. Après 10 000 morts à Juba dans les trois jours suivant le contrôle, l’APLS explose. Les militaires Nuers forment une milice et mettent à leur tête Riek Machar. La guerre civile s’intensifie, et c’est autour des champs de pétrole que se concentrent les intérêts des acteurs économiques. La Chine fait pression en 2014 pour l’envoi d’une force onusienne de par ses investissements pétrolifères, tandis que les Nuers font appel au Soudan pour protéger les champs de pétrole.

La complexité du retour de la paix


Certains expliquent le conflit par la simple rivalité entre deux groupes ethniques : Dinkas et Nuers, Salva Kiir et Riek Machar. Pour Gérard Prunier, c’est une illusion. En effet, après une trêve, le retour à la vice-présidence de Machar en 2016, une tentative d’assassinat à son encontre, sa fuite et sa mise en résidence surveillée en Afrique du Sud, la guerre civile est toujours en cours, si ce n’est que les groupes rebelles sont encore plus fragmentés qu’auparavant. Pire, ce ne sont pas que les Nuers qui forment l’essentiel de l’opposition à l’autoritarisme de Salva Kiir : les autres groupes ethniques ont aussi pris les armes. Quoi qu’il en soit, le retour à l’union nationale semble pour le moment bien compromis.

Le bilan s’alourdit tous les jours un peu plus, malgré la présence de la MINUSS.


Bibliographie :
  • Franck, A., Vezzadini, E., « Le Soudan, cinq ans après l’indépendance du Soudan du Sud », in Egypte / Monde Arabe, 14, 2016
  • Lagrange, M.-A., « Soudan du Sud : de l’Etat en faillite à l’état chaotique », in Politique Etrangère, 2, 2015, p.137-143
  • Prunier, G., « De la partition à la famine : Frères ennemis du Soudan du Sud », in Le Monde Diplomatique, juillet 2017

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